Page 41 - Tours Magazine 11-12-2020
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ICI ET AILLEURS  INTERNATIONAL











              Le cèdre près


                     du sapin



             De l’apocalypse qu’a vécu Beyrouth,
             Rafic Jaber, restaurateur bien connu
              de la rue Colbert, et sa sœur Malak
                   en parlent le cœur serré.







           Ils sont nés au Liban et l’ont quitté   Rafic, grand frère protecteur,   Fonds
           en pleine guerre civile. Le 4 août   s’emplit d’émotion : « Beyrouth,
           dernier, leurs parents étaient   4 000 ans d’âge, un des premiers   de solidarité
           là-bas au moment du drame qui   ports navals au monde, avec Sidon
           a emporté plus que des centaines   et Tyr, villes citées par Homère et   Tours Métropole Val de Loire a débloqué une
           de vies. La maman est contactée,   Virgile... Il y a une histoire qui est   enveloppe de 50 000 euros pour soutenir
                                                                            l’action de l’association Cèdre du Liban afin
           le papa, lui, injoignable. La   sous terre. C’est ça ce qui fait mal.   de prendre en charge les frais d’interventions
           confirmation que celui-ci est sain   Pourquoi Beyrouth ? Bon sang,   chirurgicales des victimes les plus lourdes,
           et sauf est un soulagement, mais   qu’avons-nous fait ? Nos ancêtres   et une autre aide de 10 000 euros, en faveur
           les vidéos diffusées, tournant en   sont enterrés là. Beyrouth… ».   de l’association francophone des malades
                                                                            mentaux, pour la prise en charge cette fois
           boucle, meurtrissent la fratrie   La fratrie Jaber (Rafic, Iman, Malek,   des patients psycho-traumatisés.
           Jaber : c’est le souffle de la   Malak et Alain), agitée par un
           sidération. Tous les étés, la famille   sentiment d’impuissance, veut
           se retrouve à Beyrouth qu’elle   agir, et avec elle, l’ensemble de
           voit s’embourber dans la crise.   la communauté franco-libanaise
           À l’atonie économique se sont   en Touraine. À l’invitation de la
           greffées une pandémie et, comme   Ville, celle-ci participera, si les
           un symbole cruel, la destruction   conditions sanitaires le permettent,
           du quartier de la Quarantaine dont   au marché de Noël inauguré le
           l’hôpital, à l’image du pays, est   27 novembre par l’Ambassadeur
           désormais moins au bord de la mer   du Liban en France, S.E.M. Rami
           qu’au bord du gouffre. Le « chic »   Adwan. Place Châteauneuf, au pied
           de la Zaitunay Bay n’a pas plus   de la Tour Charlemagne, nous (re)
           résisté au « choc ».         découvrirons leur « petit » pays,
                                        carrefour des civilisations, dont la
           Un marché de Noël            grandeur tient à l’histoire autant   Dima Abdallah
           franco-libanais              qu’à la géographie, cruellement
                                        accidentées mais sublimement        en dédicace
           Malak a pleuré, non sur les   symboliques. Sur le mont Liban,
           destructions matérielles, mais sur   au-dessus de bien des gouffres,   La romancière, née au Liban pendant la guerre
           les images d’une nourrice « les bras   s’y refugient côte à côte les sapins   civile, sera à Tours le 3 décembre prochain pour
           assez grands pour protéger deux   de Cilicie et les cèdres de Dieu.  découvrir notre ville, rencontrer le maire et des
           enfants, mais pas le troisième ».                                jeunes, mais aussi dédicacer son premier roman
                                                                            Mauvaises herbes évoquant son exil en France.



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