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5.5 La famille des phénylurées : l’isoproturon et le chlortoluron
répartition des matières actives entre les différents compartiments du sol. L’étude
sur lysimètre effectuée par [Grundmann et al., 2011] nous permet de confronter
les résultats du modèle avec des données de terrain présentées dans le tableau (cf
partie 1).
Les mesures indiquent que la volatilisation est un processus minoritaire dans la
dissipation de l’isoproturon. Il reste cependant du même ordre de grandeur que les
pertes par lixiviation.
Par ailleurs, la prise en compte dans les observations de l’absorption par la plante
nous permet d’appréhender le niveau d’erreur associé à la non prise en compte de
ce processus de manière explicite par le modèle.
Dans un premier temps cette erreur peut être estimée entre 2 et 14%, cependant
comme pour la volatilisation, l’absorption par la plante peut être indirectement
intégrée dans la valeur de la DT50 mesurée au champ.
Si l’on considère que la DT50 choisie dans le modèle prend en compte indi-
rectement l’ensemble de ces processus, les observations (absorption racinaire +
minéralization) évoluent dans une gamme de valeurs comprises entre 4 et 72% de
la masse totale appliquée. Ainsi la valeur de 91% calculée par le modèle, bien que
probablement surestimée, se rapproche de la borne supérieure des valeurs obser-
vées.
En revanche, si l’on considère la valeur de DT50 choisie dans le modèle unique-
ment comme un paramètre de la dégradation les résultats obtenus par le modèle
sont nettement surestimés. La valeur de DT50 choisie est dans la gamme de valeur
des DT50 en plein champ préconisées dans [PPDB, 2013]. Il est important de men-
tionner que les mesures ont été réalisées seulement deux mois après l’application.
Les échelles de temps entre observations et simulations sont très différentes.
Comme l’indique [Alletto et al., 2006, Charnay et al., 2005], la DT50 est sou-
mise à une très forte variabilité en fonction des caractéristiques du milieu . La
DT50 de par sa forte variabilité est difficile à estimer à une grande échelle spatiale.
La fraction d’isoproturon restant en fin de simulation calculée par le modèle
(8.5%) est inférieure aux observations comprises entre 35 et 90% (somme des rési-
dus extractibles +non extractibles)[Alletto et al., 2006, Charnay et al., 2005]. Un
constat similaire peut être également fait à partir des mesures dans les sols du bas-
sin de l’Orgeval [Blanchoud, 2011], où la part de résidus est comprise entre 70 et 80
% des quantités appliquées. Il est cependant important d’indiquer que les mesures
ont été effectuées sur 2,5 mois seulement contre 23 ans pour la durée de la simula-
tion. La valeur plus faible du stock simulée est probablement liée à une valeur du
Koc faible au regard de la gamme de la littéraure comprise entre 36 et 241 (l/kg)
combinée à une forte dégradation [Alletto et al., 2006, Charnay et al., 2005].
Cette différence se confirme également dans la répartition entre les résidus liés et
extractibles observées. En effet la part de résidus extractible que l’on peut associer
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