Page 26 - Modelisation du devenir des pesticides...
P. 26

Chapitre 1 Etat des lieux sur le devenir des pesticides et leur modélisation



               1.1.4.2 Transfert en profondeur : la lixiviation
                  Lorsque l’eau s’infiltre, elle entraîne avec elle les matières actives dissoutes dans
               la solution du sol [Calvet et al., 2005]. Ce transfert s’effectue sous l’action de trois
               processus majeurs : la diffusion moléculaire, la convection et la dispersion hydro-
               dynamique [Calvet et al., 2005].
                  Le sol est un milieu multiphasique caractérisé par une forte hétérogénérité. Le
               sol est caractérisé par son espace poral qui correspond à l’ensemble des vides pré-
               sents entre les agrégats. L’espace poral est divisé en différentes porosités selon leur
               géométrie, leur capacité de rétention ou leur origine [Calvet, 2003, Jarvis, 2007,
               Köhne et al., 2009a]. Une distinction est généralement réalisée entre une fraction
               de la porosité appelée microporosité et l’autre macroporosité. Selon [Jarvis, 2007],
               les macropores correspondent à des pores dont le diamètre est supérieur à 0,3 ou
               0,5 mm avec un potentiel matriciel de l’odre de -10 à -6 cm de colonne d’eau. Dans
               la microporosité une partie de l’eau est immobile et ne participe pas à l’écoule-
               ment [Schoen et al., 1999b]. Le transfert des matières actives va donc dépendre
               de la structure du sol et de son état hydrique. Le transfert dans la microporo-
               sité est généralement considéré comme convectif-dispersif alors que la macropo-
               rosité est le lieu de transfert préférentiel par phénomène de bypass [Jarvis, 2007,
               Köhne et al., 2009a].
                  Le transfert préférentiel entraîne un déplacement plus rapide des matières actives
               de la surface du sol vers la zone non saturée [Tindall & Vencill, 1995, Lennartz, 1999,
               Schoen et al., 1999a]. Ce passage rapide vers la profondeur ne permet pas l’éta-
               blissement d’un équilibre entre la solution et la phase solide du sol, ce qui tend à
               limiter l’impact des processus d’adsorption et de dégradation[Schoen et al., 1999a,
               Borggaard & Gimsing, 2008].
                  Les pertes par lixiviation sont majoritairement contrôlées par les processus de
               rétention des pesticides [Gevao et al., 2000, Arias-Estevez et al., 2008]. En effet,
               la rétention via les mécanismes d’adsorption entraîne un retard dans leur trans-
               fert [Boesten & van der Linden, 1991, van Beinum et al., 2006]. La rétention des
               matières actives se renforce avec l’augmentation du temps de contact
                  [van Beinum et al., 2006, Mamy & Barriuso, 2007, Walker et al., 2005], la pré-
               sence d’argile [Sakaliene et al., 2007] et le contenu en matière organique
                  [Benoit et al., 2000, Madrigal Monarrez, 2004].
                  Par ailleurs, les méthodes développées pour limiter le lessivage des matières
               actives reposent sur l’épandage de matière organique en surface ou incorporée
               dans le sol [Larsbo et al., 2013, Marín-Benito et al., 2013].












               14
   21   22   23   24   25   26   27   28   29   30   31