Page 65 - Acccueillir la petite enfance - programme éducatif - Québec

Relativement à l’organisation des lieux et au matériel, l’action éducative conduit
l’adulte responsable à mettre à la disposition des enfants un nouveau matériel : ajout
de foulards de couleurs vives pour qu’ils puissent s’exercer à lancer et à attraper,
remplacement d’une partie du matériel dans l’aire de jeu symbolique pour aborder,
à travers le thème du magasin de fruits et légumes, la saine alimentation, etc. Il ou
elle apporte des changements à l’aménagement des lieux en fonction d’une intention
éducative, par exemple en aménageant un coin pour permettre aux enfants de se
retirer lorsqu’ils en manifestent le besoin ou en dégageant une partie du local pour
permettre à l’ensemble du groupe de réaliser une expérience de danse créative.
Le personnel éducateur ou la RSG accomplit également des actions éducatives
relativement aux expériences vécues par les enfants. Par exemple, il ou elle peut
soutenir les enfants individuellement dans leur retour sur les ateliers en portant une
attention particulière au concept de temps. Il ou elle peut présenter aux enfants un
nouveau matériel placé dans l’aire de jeu symbolique ou expliquer le déroulement
d’une activité proposée inédite, susciter l’exploration d’objets à l’aide d’une loupe et
interagir avec les enfants pendant sa réalisation.

L’action éducative mise en œuvre à partir de l’observation et de la planification a toutes
les chances de répondre aux besoins, de correspondre aux forces et aux goûts des
enfants, puisqu’elle s’exerce de façon consciente et intentionnelle. Tout adulte qui
travaille dans le domaine de la petite enfance a ses caractéristiques, ses champs
d’intérêt et ses préoccupations propres. Une éducatrice intéressée par le domaine
des arts ou de l’activité physique aura sans doute bien des idées pour intervenir
auprès des enfants à ce chapitre, un apport très positif pour les enfants. Toutefois,
elle pourrait avoir tendance à négliger d’autres aspects du développement tout aussi
essentiels pour les enfants de son groupe. Le processus de l’intervention éducative,
en privilégiant la réflexion sur la pratique éducative, permet d’éviter cet écueil.

33.5 LA RÉFLEXION-RÉTROACTION

La quatrième et dernière étape du processus de l’intervention est celle de la réflexion-
rétroaction qui permet au personnel éducateur et aux RSG de faire le point sur les
actions éducatives mises en place. Cette étape offre aussi l’occasion de vérifier la
justesse des observations réalisées ainsi que la pertinence de la planification et de
l’organisation.

La réflexion-rétroaction est nécessaire à la qualité éducative des services offerts
aux jeunes enfants et à leur famille parce qu’elle vise à évaluer les pratiques afin de
conserver les actions éducatives qui portent leurs fruits, d’écarter ou d’ajuster celles
qui n’ont pas donné les résultats escomptés et d’en mener de nouvelles au besoin.
À l’étape de la réflexion-rétroaction, l’éducatrice, l’éducateur ou la RSG prend le temps
de se remémorer et de décrire l’action éducative réalisée ainsi que ses retombées sur le
ou les enfants concernés. Ses réflexions et ses sentiments à ce propos sont examinés.
Les aspects positifs et négatifs de l’action éducative sont considérés. Il y a lieu de
déterminer ce qui aurait pu être fait différemment pour obtenir de meilleurs résultats et
ce qu’il sera pertinent de faire lorsqu’une situation similaire se présentera xxviii, 50 .
La réflexion-rétroaction incite aussi à l’évaluation critique de ses propres réactions, de
ses automatismes, de ses réponses spontanées, puisque intervenir dans le domaine
de l’éducation, c’est se servir de soi comme principal outil de travail. Par exemple,
pour soutenir adéquatement le langage des jeunes enfants, il faut avoir la patience

xxviii Ces considérations sont tirées du modèle de pratique réflexive développé par Gibbs (1988).

58 Chapitre 3