Page 62 - Acccueillir la petite enfance - programme éducatif - Québec

L’analyse et l’interprétation des observations

Les données issues de l’observation ne peuvent guider à elles seules l’étape suivante
du processus de l’intervention qu’est la planification-organisation. Il est nécessaire de
les analyser et de les interpréter pour leur donner un sens.
L’analyse consiste à étudier un ensemble d’observations pour dégager les éléments
qui le composent, de façon à pouvoir l’expliquer. Les observations peuvent faire l’objet
d’un premier tri afin de vérifier si les données recueillies correspondent à des faits
objectifs (par exemple, Alice joue seule tout au long de la période de jeu du matin) ou
si certaines consistent plutôt en un jugement qu’il faudra alors reformuler ou mettre de
côté (par exemple, Alice n’est pas sociable ce matin).
Les observations peuvent ensuite être regroupées en fonction de l’information qu’il
semble pertinent de connaître pour répondre à la question de départ. Par exemple,
un regroupement :
48
Par catégories ou par thèmes : concernant les champs d’intérêt de Charly, 3 ans,
les principaux domaines de développement que ses jeux lui permettent d’explorer,
les expériences et les apprentissages qu’il réalise à travers ses différents jeux, le
temps qu’il passe dans les différentes aires de jeu, etc. ;
Pour faire ressortir les constantes et les contrastes ou les ressemblances et les
différences : les jeux auxquels Charly s’adonne le plus fréquemment et ceux
qu’il choisit le moins souvent ; les enfants avec lesquels il joue régulièrement
et les enfants avec lesquels il joue moins ou pas du tout, les domaines de
développement qui font l’objet de ses explorations ou non ; les jeux que Charly
poursuit pendant plusieurs minutes et ceux qu’il abandonne au bout de quelques
instants, etc. ;
Pour établir les antécédents et les conséquences d’un comportement : les
contextes dans lesquels Charly choisit ses jeux (présence d’enfants déjà installés
dans l’aire de jeu, disponibilité du matériel, etc.), les commentaires de Charly à la
suite des périodes de jeu, etc.
L’interprétation des observations est ensuite effectuée à partir de cette analyse. Il s’agit
ici de se servir de tous les indices qu’offre cette dernière pour mieux comprendre ce
que vivent les enfants et pour envisager ce qui pourrait contribuer à nourrir leurs
apprentissages et à assurer leur bien-être. On pourra considérer, par exemple, que
les choix de jeux les plus fréquents de Charly et les activités auxquelles il s’adonne
pendant les plus longues périodes ont un lien étroit avec ses champs d’intérêt
actuels et ses besoins de développement. La connaissance des expériences clés xxvii
auxquelles il s’exerce contribuera à situer son niveau de développement dans l’un ou
l’autre des domaines. L’interprétation mérite parfois d’être raffinée par l'établissement
de liens entre les données issues de l’observation et l’information transmise au sujet
de l’enfant par ses parents, ou d’autres adultes qui le côtoient au SGEE.

Le recours à des écrits touchant le développement des jeunes enfants permet de
cerner une situation et de la comprendre pour l’interpréter avec justesse. Le recours à
la théorie contribue également à anticiper les apprentissages que l’enfant s’apprête à
réaliser, de façon à planifier et à organiser les actions éducatives les plus appropriées
pour l’accompagner dans son cheminement. Depuis quelques années, des continuums
de développement des jeunes enfants ont été élaborés. Ils permettent au personnel
éducateur et aux RSG de cibler des intentions éducatives pour chacun des enfants de
leur groupe à partir d’attentes appropriées et en leur proposant des défis stimulants.

xxvii Le programme éducatif HighScope définit une série d’expériences amorcées naturellement par les
jeunes enfants dans chacun des domaines de leur développement, nommées « expériences clés ».
555
Le processus de l’intervention éducative 5