Page 130 - Acccueillir la petite enfance - programme éducatif - Québec
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5.2.4 Les catégories et les concepts
Un concept est une représentation générale et abstraite de la réalité d'un objet, d'une
situation ou d'un phénomène, basée sur des similarités (la forme des objets, leurs
couleurs, leur taille, leur utilité, etc.) 206 . Comme mentionné plus haut, les mots sont
des symboles, mais ils sont également des concepts. Pour Sophia, 2 ans, le concept
« banane » est plus facile à comprendre que celui de « fruit » qui fait référence à un
large ensemble d’objets de formes, de couleurs et de goûts différents. Le concept de
fruit se construit dans sa compréhension à mesure que le terme est employé devant
elle, par rapport à des aliments sucrés et colorés qu’elle mange quotidiennement.
Les adultes ont d’ailleurs tendance à se servir des catégories plus fines et concrètes,
comme la catégorie « chien » pour expliquer les catégories plus larges et abstraites,
comme la catégorie « animaux domestiques » : les animaux domestiques sont les
animaux que les gens gardent avec eux à la maison, comme les chiens. « Grâce à
cette capacité cognitive de catégorisation, les très jeunes enfants développeraient
peu à peu leur capacité d’abstraction 207 », c’est-à-dire la capacité de penser sans avoir
à agir concrètement pour le faire. En faisant des regroupements et des catégories, la
mémorisation de grandes quantités d’information perçue au quotidien est facilitée 208 .
...L’éducatrice place de grandes affiches à la hauteur des poupons de
son groupe. Lorsqu’elle a un moment avec un poupon qui semble
intéressé par l’affiche, elle lui demande de pointer les éléments de
l’illustration qu’elle nomme. Elle soutient aussi le développement de
concept chez les enfants pendant la période de rangement en les
l’aide de pictogrammes et de mots....
invitant à placer des jouets dans les bacs de rangement identifiés à
Le jeune enfant a d’abord recours aux trois catégories les plus générales pour
tenter de comprendre le monde dans lequel il ou elle évolue : les objets inanimés,
les personnes et les autres êtres vivants 209 . Avec le développement de sa capacité
de reconnaître les similitudes et les différences, de sa capacité de classifier 210 , les
catégories se raffinent selon d’autres caractéristiques. Ainsi, « le moineau » fait partie
de la catégorie des oiseaux, en plus d’être un animal et un « autre être vivant ». Il
pourra être associé à la catégorie « animaux sauvages » et à celle « des animaux à
plumes » ou « des animaux qui volent » lorsque ces catégories seront intégrées dans
ses connaissances. Toutefois, ce n’est qu’entre l’âge de 5 et 8 ans qu’il ou elle sera
en mesure de passer d’une catégorie à l’autre pour classer un même objet 211 . La
classification d’objets, le tri et la sériation font partie des actions que les jeunes enfants
réalisent spontanément en comparant leurs ressemblances et leurs différences, ce
qui contribue à leur compréhension de divers concepts.
L’enfant a également la capacité de généraliser. « Un exemple d’une telle généralisation
serait lorsqu’un trottineur apprend que différents objets peuvent avoir la même
fonction : il est possible de boire avec un gobelet, une tasse ou une bouteille. Le
trottineur qui commence à utiliser un même objet dans des contextes différents
constitue un autre exemple. Tamara a appris à mettre ses chaussettes et maintenant,
elle en met aux pieds de son ourson, aux pattes des chaises, elle tente même d’en
mettre à son chat 212 ! »
Avec sa capacité de généralisation, l’enfant est en mesure de faire des inférences,
c’est-à-dire des « opérations logiques par lesquelles on admet une proposition en vertu
de sa liaison avec d’autres propositions déjà tenues pour vraies 213 ». Ainsi, Maude saura
que la balle rebondit après l’avoir manipulée et c’est une inférence réalisée à partir
Les domaines de développement 123