Page 135 - Acccueillir la petite enfance - programme éducatif - Québec
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5.2.6 L’éveil aux mathématiques
« Au cours des quatre dernières décennies, il est devenu de plus en plus clair que
les connaissances mathématiques de tous les jours (informelles) des enfants
constituent un fondement important pour l’apprentissage des mathématiques à l’école
(formelles) 227 » « […] Les premières expériences des jeunes enfants en numératie xlvii
s’avéreraient déterminantes pour leur réussite éducative ultérieure 228 . »
Les connaissances en mathématiques ne se limitent pas aux nombres. Elles touchent
aussi les formes géométriques et la mesure, l’organisation de l’espace et du temps
ainsi que tout le vocabulaire employé pour aborder les concepts mathématiques. La
vie quotidienne offre de multiples occasions de soutenir l’éveil aux mathématiques
des enfants. Pour le personnel éducateur et les RSG, il importe surtout de savoir les
repérer pour en tirer profit.
La manipulation de matériel n’est pas suffisante pour favoriser l’éveil aux mathématiques
des jeunes enfants, qui sont capables de réaliser des apprentissages simples de
façon autonome. C’est l’accompagnement de l’adulte, l’étayage, qui rend possible les
apprentissages plus complexes dans ce domaine, comme dans tous les domaines
d’ailleurs. Nous l’avons vu dans les fondements théoriques concernant l’apprentissage
actif, c’est à travers ses interactions, ses conversations, notamment, que l’adulte aide
intentionnellement l’enfant à faire avec un peu d’aide ce qu’il ne peut faire seul, à
réaliser des apprentissages dans sa zone proximale de développement.
Les nombres
L’une des idées principales des mathématiques est que le comptage peut être
employé pour trouver le nombre d’objets dans une collection 229 . Les recherches
récentes dans le domaine de l’éveil aux mathématiques ont démontré que l’enfant, dès
ses premiers mois, a les aptitudes nécessaires au traitement intuitif de l’information
concernant les quantités 230 . Cette capacité se limite toutefois à différencier des
quantités en comparant deux petits ensembles (comportant deux ou trois objets) et
en comparant des ensembles très différents l’un de l’autre (par exemple lorsque le
plus grand ensemble contient le double du nombre d'objets compris dans le plus petit
ensemble). Il n’est toutefois pas établi que cette capacité précoce soit associée à la
compréhension mathématique en elle-même.
Les notions de quantité peuvent être abordées avec les poupons et les trottineurs à
l’aide du vocabulaire approprié, tel que « beaucoup », « peu », « moins », « plus ». Dans le
contexte de situations de la vie courante qui demandent de dénombrer des objets, les
enfants plus âgés peuvent être initiés à la procédure de comptage en tenant compte
des éléments suivants xlviii :
L’ordre stable : les mots nombres sont toujours employés dans le même ordre.
En effet, pour pouvoir compter un ensemble d’objets ou de personnes, il est
essentiel de nommer les chiffres dans leur ordre : le 2 vient toujours après le 1 et
avant le 3. La séquence immuable des nombres doit donc être mémorisée.
La correspondance terme à terme : un seul mot nombre peut être assigné à l’objet
compté.
xlvii Le terme « numératie » désigne « l’ensemble des connaissances en mathématiques permettant à une
personne d'être fonctionnelle en société. » (source : Grand dictionnaire terminologique.)
xlviii Ces éléments sont tirés de Gelman et Gallistel, 1978, et cités de : Réseau canadien de recherche sur
le langage et l'alphabétisation et Fédération canadienne des services de garde, Les fondements de la
numératie : une trousse de données probantes destinée aux intervenantes en apprentissage des jeunes
enfants, 2010, p. 15.
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