Page 147 - Acccueillir la petite enfance - programme éducatif - Québec
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Il arrive que le poupon babille toute une série de sons qui ressemble à une phrase,
                        avec des intonations, un début et une fin, pour répondre quand on lui parle. Par la
                        suite, tout en accroissant son vocabulaire réceptif et expressif, l’enfant emploie des
                        protomots, c’est-à-dire « une juxtaposition de sons pour désigner un objet précis 268  »,
                        qu’il utilise systématiquement jusqu’à ce qu’il apprenne le mot juste. « Gaga » peut
                        alors être utilisé au lieu de « lait », par exemple, dans le vocabulaire coloré du bébé.

                        L’enfant prononce d’abord les mots qu’il connaît, généralement des noms, de façon
                        approximative, développant ainsi la capacité de prononcer certaines consonnes
                        doubles vers l’âge de 4 ou 5 ans seulement. Un seul mot peut lui servir à exprimer
                        une idée. Par exemple, en disant « ballon », il fait savoir qu’il veut le ballon ou invite son
                        éducatrice à y jouer avec lui. Le mot « chat » peut être employé pour désigner tous les
                        animaux à quatre pattes qui ont du poil 269 , parce qu’il élargit le sens de certains mots
                        selon ses besoins de communication. À l’inverse, il peut réduire le sens d’un mot 270 .
                        Ainsi, « gobelet » pourrait désigner son propre gobelet, mais pas les autres, ce qui
                        témoigne de sa compréhension partielle des termes en question.
                        Le jeune enfant emploie également des stratégies de simplification pour être en
                        mesure de prononcer des mots difficiles. Ainsi, il peut omettre une syllabe, dire « nane »
                        au lieu de « banane » ou substituer un son à un autre en prononçant, par exemple,
                        « biliothèce » au lieu de « bibliothèque ». Il réorganise parfois l’ordre des  parties du
                        mot 271 , prononçant « pestacle » au lieu de « spectacle ».
                        Le langage entendu par l’enfant, tant par sa qualité que par sa quantité, influence
                        son développement langagier. En conséquence, « […] il est extrêmement important
                        que l’adulte prononce correctement […] en présence de l’enfant 272  ». L’emploi de
                        mots simples et de phrases courtes, parfois accompagnés de gestes, fait partie des
                        moyens appropriés pour soutenir le développement langagier des poupons 273 . À
                        mesure que l’enfant grandit, l’emploi, par l’adulte, d’un vocabulaire plus varié et de
                        phrases complexes est beaucoup plus indiqué. De plus, la disponibilité, l’écoute et la
                        sensibilité dont font preuve le personnel éducateur et les RSG sont particulièrement
                        utiles pour les aider à comprendre ce que les enfants cherchent à dire et à leur donner
                        le goût de bien s’exprimer. L’apport des parents est d’ailleurs précieux pour saisir leur
                        prononciation de certains mots et le sens de leurs protomots.

                        ...Lorsqu’elle s’adresse aux poupons de son groupe, Mylène emploie
                               spontanément, comme la plupart des adultes, ce qu’on appelle
                               le « langage adressé à l’enfant ». Elle utilise toujours le mot
                               juste afin d’offrir un modèle langagier approprié. Toutefois, ses
                               intonations sont amplifiées  ; son débit est lent  ; le son de ses
                               voyelles est exagéré  ; ses phrases sont courtes  ; elle emploie
                                                                                       274...
                               beaucoup de répétitions. Elle attire ainsi l’attention des bébés sur
                               les caractéristiques distinctives des sons de la langue   .


                        ...Alix observe attentivement les trottineurs de son groupe lorsqu’il
                               s’adresse à eux pour repérer, à partir de leurs expressions
                               faciales, les mots qu’ils ne comprennent pas. Il a alors recours à
                               des exemples concrets pour soutenir leur compréhension. Ainsi,
                               ce matin, lorsqu’il a annoncé que du gruau était au menu de la
                               collation, il s’est rendu compte que seuls deux enfants semblaient
                               savoir de quoi il parlait. Pendant la collation, il est revenu sur ce
                               une discussion sur les céréales chaudes et froides....
                               mot pendant que les enfants mangeaient et a entamé avec eux




                        140   Chapitre 5
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