Page 169 - Acccueillir la petite enfance - programme éducatif - Québec
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5.4.4  Les compétences émotionnelles

                        Les émotions sont des réactions suscitées par les expériences positives ou négatives
                        que  l’on vit au  quotidien. Elles  revêtent des  caractéristiques psychologiques  et
                        physiologiques et, souvent, ne perdurent pas dans le temps. Les émotions nous
                        renseignent sur notre état interne et nous permettent de porter un jugement appréciatif
                        sur la situation ou sur les événements que l’on vit. Par exemple, elles nous renseignent
                        sur ce qui va bien, nous préviennent de possibles dangers, ou encore, nous signifient
                        un inconfort. De plus, elles déterminent dans quelle mesure nos besoins sont satisfaits
                        ou insatisfaits. Les émotions que nous ressentons sont là pour nous aider à mettre
                        en place et orienter nos stratégies d’adaptation et répondre à nos besoins, dans le
                        contexte des situations tant positives que négatives. Ainsi, selon plusieurs chercheurs,
                        « […] la principale fonction des émotions est de signaler aux autres, et à l’enfant
                        lui-même, s’il y a lieu de modifier ou de maintenir le comportement adopté en vue
                        d’atteindre un objectif donné 334  ».

                        Entre 0 et 5 ans, de nombreux apprentissages entourant les émotions, les siennes
                        et  celles  des  autres,  sont  réalisés.  Au  contact  des  personnes  qu’il  ou  elle  côtoie,
                        l’enfant développe graduellement ses capacités d’expression, de compréhension et
                        de régulation des émotions. Les compétences émotionnelles, importantes en elles-
                        mêmes, aident aussi à assurer des interactions sociales efficaces, construites à l’aide
                        d’habiletés spécifiques comme écouter, coopérer, demander de l’aide au moment
                        opportun, se joindre à des interactions déjà en cours et négocier 335 . Le tempérament
                        de l’enfant et son expérience influencent l’acquisition des compétences sociales.

                        L’expression des émotions

                        Le jeune enfant exprime et identifie d’abord les émotions primaires que sont la joie, la
                        peur, le dégoût, la colère, la surprise et l’intérêt. Avec l’acquisition du concept de soi
                        qui lui permet de comprendre qu’il est un être à part entière, il vit des émotions plus
                        complexes : la gêne et la jalousie. Puis, quand il est en mesure de juger de ses actions
                        par rapport aux règles, aux normes et aux objectifs à atteindre dans son milieu de
                        vie, il peut ressentir de l’embarras, de la honte, de la culpabilité ou de la fierté 336 . De
                        plus, l’enfant réalise qu’il vit parfois plusieurs émotions simultanément. Il peut être à la
                        fois triste et en colère, par exemple, lorsque son éducatrice ou sa RSG est remplacée
                        momentanément.
                        « Les enfants doivent apprendre à communiquer leurs émotions en respectant les
                        règles et les conventions en vigueur dans leur famille ou leurs groupes sociaux
                        […] 337 . » Par exemple, l’expression de sa colère face au comportement de l’adulte qui
                        prend soin de lui sera moins bien accueillie que l’expression de sa joie de partager
                        un jeu avec un pair. La culture familiale influe grandement sur la manière dont l’enfant
                        apprend à exprimer ses émotions.
                        Soulignons que les attentes des adultes concernant l’expression des émotions chez
                        l’enfant sont parfois stéréotypées, c’est-à-dire déterminées à l’avance en fonction du
                        sexe, de son origine culturelle ou d’autres caractéristiques. Le personnel éducateur
                        et les RSG conscients de ce phénomène peuvent aider les enfants à développer des
                        stratégies de régulation émotionnelle diversifiées plutôt que limitées par l’adhésion aux
                        stéréotypes.
                        Par exemple, le personnel éducateur et les RSG peuvent soutenir l’expression des
                        émotions des enfants de leur groupe en démontrant écoute et sensibilité à ce qu’ils
                        vivent et à leurs besoins, en décodant leurs états émotionnels, en établissant des
                        liens avec des émotions qu’ils ont déjà vécues, en exprimant de façon adéquate leurs
                        propres émotions et en les nommant.
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