Page 91 - Acccueillir la petite enfance - programme éducatif - Québec
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Jouer pour se préparer à l’école
« Il est particulièrement important de se montrer vigilant quant aux approches
éducatives mises en place dans les services de garde éducatifs à l’enfance et à
l’éducation préscolaire, voire dans toutes les activités proposées aux jeunes enfants.
Dans le but de mieux préparer les enfants à l’école, le jeu est parfois remplacé par
des activités misant davantage sur les contenus à transmettre que sur la réponse
aux besoins d’apprentissage et de développement de chacun. Cette orientation
peut compromettre la préparation à l’école en exacerbant chez certains des
problèmes affectifs et sociaux 98, 99 . La crainte de l’échec que vivent
certains enfants devant les activités qui dépassent leurs capacités
les place en situation de stress. Cette situation est problématique
puisque le jeu est leur moyen privilégié de combattre le stress et que ! !
le temps qu’ils peuvent y consacrer, dans ce contexte, diminue 100 . » ! ! ! !
4.4.2 Les formes de jeu
Il existe différentes nomenclatures du jeu. Celle de Piaget, encore très pertinente aujourd’hui,
en indique quatre formes : le jeu d’exercice, le jeu symbolique, le jeu de construction et le
jeu de règles. Toutes les formes de jeu contribuent au développement global des enfants,
ce qui devrait inciter les SGEE à fournir une grande diversité de possibilités à cet égard.
Le jeu d’exercice
Le jeu d’exercice, le premier jeu auquel s’adonne le jeune enfant, consiste à répéter
plusieurs fois un geste ou une activité, comme agiter les mains, saisir ses pieds,
prendre puis lancer un objet, le frapper au sol pour produire un son, sauter d’un banc
à répétition. Pendant le jeu d’exercice, l’enfant s’amuse à pratiquer des gestes et des
mouvements jusqu’à les maîtriser.
Les mouvements répétitifs des bébés et les jeux de mains complexes que les enfants
répètent dans les cours d’école font partie du jeu d’exercice.
Le jeu symbolique
« Le jeu symbolique est une manifestation de la fonction symbolique . » Il apparaît
101
lorsque le jeune enfant peut concevoir qu’un objet qu’il ne voit pas existe bel et bien, une
acquisition nommée « permanence » de l’objet. Il implique une situation imaginaire et,
pour les niveaux de jeu symbolique plus avancés, un ou des rôles (à interpréter avec des
figurines ou avec son propre corps) ainsi que des règles élaborées par le ou les joueurs.
« Le jeu symbolique apparaît entre 18 mois et 2 ans, lorsque l’enfant commence à faire
semblant d’exécuter une action de sa vie, en dehors de son contexte (semblant de
dormir, de manger, etc.). L’imitation différée lui permet ensuite d’évoquer un modèle
absent (action, mère, père, personnage, animal…). Il s’accommode ainsi de la réalité en
l’imitant telle qu’il la perçoit. Le processus se poursuit par des jeux de “faire semblant”,
au cours desquels l’enfant attribue lui-même des rôles aux objets et aux personnages
qu’il s’invente ou qu’il manipule. Il assimile ainsi la réalité. Apparaissent ensuite des
scénarisations de plus en plus complexes 102 . »
Ainsi, au premier niveau de jeu symbolique xxxvi , l’enfant : imite des actions isolées de
la vie quotidienne ; ne considère pas l’ordre habituel des actions (peut faire semblant
xxxvi Ces quatre niveaux de jeu sont tirés des ouvrages d’Elena Bodrova et Deborah J. Leong (2009), qui
présentent la théorie historico-culturelle du développement des jeunes enfants de Lev S. Vygotsky.
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